vendredi 5 avril 2013

Débat Education Nationale

Bouche cousue................................... J’ai découvert le devoir de réserve de l’éducation nationale en 2004 lors du grand débat sur l’éducation nationale. Ouvert à tous, ce débat devait servir à définir des pistes d’amélioration du système. D’un tempérament passionné, en pleine découverte du métier d’enseignante, et jeune maman de 3 enfants dont l’ainé au CP, je me sentais très concernée et pleine de propositions pour participer au débat. Cela partait aussi d’un sentiment de devoir civique, vu que tout citoyen était invité à venir s’exprimer sur le sujet de l’école dans une de ces réunions. Je me suis donc rendue dans la salle municipale d’une commune avoisinante, pour exprimer mes idées nouvelles, de jeune enseignante en formation, baignée dans un courant d’éducation constructive, et convaincue de l’avenir d’un système mieux adapté. Heureuse d’avoir participé au grand débat de l’éducation nationale, en apportant mes constats, mes idées, mes propositions, comme d’établir une relation triangulaire pour le suivi éducatif des enfants à l’école maternelle et élémentaire : enseignants/personnel encadrant( cantine, garderie, Atsem) et parents, je suis rentrée chez moi avec un petit sentiment d’avoir accompli quelque chose ce jour là. Le lendemain matin, j’allai travailler dans l’école où j’effectuais un stage d’observation en tant que professeur stagiaire dans une classe de CM1/CM2. J’aimais beaucoup les méthodes expérimentales de la prof titulaire qui m’accueillait dans sa classe : elle créait des mini-groupes de travail pour favoriser les interactions dans les apprentissages et pratiquait l’évaluation formative. C’est alors que je fus convoquée sur le champ au bureau de la directrice, où j’y ai essuyé une douche froide. C’était en 2004. Je l’écrit aujourd’hui en 2013. C’est vous dire comment ça m’a marqué. La directrice m’a demandé si j’étais bien informée du devoir de réserve que doivent exercer les enseignants, fonctionnaires d’état. Sans attendre ma réponse, elle m’a dit que mon intervention de la veille était inacceptable et que si je voulais vraiment devenir professeur, il fallait apprendre à rester dans les clous. Un sentiment d’injustice grandissait alors en moi, j’essayai de m’expliquer : « Mais ma démarche était motivée par une bonne volonté ! Un investissement professionnel et personnel, car je me forme à ce métier avec passion. » « Vous avez critiqué mon école, et en tant que directrice je ne peux l’accepter. Ceci est donc un avertissement et estimez vous heureuse que ce ne soit pas un renvoi sur le champ ! Alors Tenez- vous à carreaux dorénavant ! » Je quittai son bureau bouleversée, dans une incompréhension totale. Choquée ! Mes critiques envers l’école étaient simplement des exemples concrets de situations à améliorer pour le bien-être des élèves à l’école, (et des enseignants) dans toutes les écoles de France, j’ai aussi exprimé les reproches récurrents des parents d’élèves sur le fonctionnement scolaire, en proposant des pistes de recherches et aussi des solutions intéressantes. Au final, j’ai suivi ma vocation mais pas au sein de l’éducation nationale. Je ne suis pas fonctionnaire de l’état, ce qui me permet de m’exprimer librement aujourd’hui. Je suis professeur particulier, en contrat direct avec les parents d’élèves et je m’épanouis complètement dans ce que je fais. Je peux essayer de nombreuses méthodes d’apprentissage, en m’adaptant à l’enfant, dans le cadre d’un soutien personnalisé, et j’accomplis parfois des miracles auprès d’enfants rejetés par notre chère école nationale! Alors si un nouveau débat sur l’éducation nationale est ouvert, cette fois-ci, donnez la parole aux acteurs principaux du système : les professeurs ! Leur mutisme imposé, sous peine de perdre leur poste, empêche toute progression du système ! On avancera enfin quand l’état osera entendre les critiques de manière objective pour mettre à plat ce qui ne va pas et travailler enfin sérieusement à la modernisation du fonctionnement interne de nos écoles publiques. Les idées sont là, depuis longtemps ; écoutez-les ! Sans y voir de caractère péjoratif, on a bien compris quel est l’objectif commun, pour tous ! RAPPEL SUR CE DEBAT NATIONAL SUR L AVENIR DE L ECOLE Site : http://www.education.gouv.fr/archives/2003/debatnational/index.php?rid=1 « L’objectif du débat national sur l’avenir de l’École a été d’inciter la Nation à s’exprimer sur son École et, par là, aboutir à un diagnostic partagé et une refondation de notre système éducatif. Il s’est agi d’abord de dresser un bilan de ce qu’est l’École aujourd’hui en particulier par rapport à la loi d’orientation de 1989. Ensuite la Commission a eu comme objectif de déterminer les principales lignes d’évolution possibles et souhaitables pour les dix ou quinze prochaines années. » Quatre engagements pour le débat 1 > un débat pour agir Voulu par le Président de la République et le Premier ministre, le débat avait comme mission de conduire à un diagnostic partagé et de contribuer à construire l’École de demain. Il aboutira à un projet de loi transmis par le Gouvernement au Parlement, fin 2004, ainsi qu’à une série de mesures concrètes. 2 > un débat pour tous, avec chacun Chacun (citoyen, parent, élève, personnel de l’Éducation nationale,...) a été invité à s'exprimer : • dans l’une des nombreuses réunions du 17 novembre 2003 au 17 janvier 2004 ; • en envoyant une contribution et en participant aux discussions sur le site. 3 > la transparence du débat Les synthèses de tous les débats et les contributions directes (des individus ou des organisations) sont rendues publiques sur le site Internet : chacun peut en prendre connaissance. 4 > une Commission indépendante La Commission du débat national sur l’avenir de l’École est placée auprès du ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche. Elle a été chargée, en toute indépendance, d’animer et de synthétiser le débat. Elle a fait une synthèse générale de toutes les discussions, le Miroir du Débat et rend un rapport en octobre 2004 sur les orientations possibles et souhaitables de notre École. J'y ai cru, je me suis investie dans ce débat, et je suis tombée de haut ! Où en est-on en 2013 ? Quelles sont les améliorations aujourd'hui?